Reportage

Par Louis Thomas Federspiel | publié le 18-09-2023 à 10:47

Visite à Renodays

Nous étions présents à Renodays qui s’est tenu au parc des expositions de Paris, les 12 et 13 septembre. Après avoir fait le tour des conférences proposées et des exposants présents, voici notre impression sur cette première édition.

Visite à Renodays
Outre les nombreux espaces de paroles, Renodays proposait aussi des stands classiques où les acteurs du marché de la rénovation présentaient leurs produits et services.

Clairement destiné aux professionnels, ce nouvel événement ne se présente pas comme un salon, mais plutôt comme « le forum de la rénovation globale et performante des logements ». Son objectif affiché est donc d’accompagner l’écosystème des professionnels vers la rénovation globale et performante des logements. À cette fin, le programme des réjouissances pour ces deux journées au parc des expositions de la Porte de Versailles était particulièrement bien garni avec une multitude de « grands débats », « masterclass », « workshop » ou encore « meet-up » animés par des intervenants de qualité. Au total, plus de 200 rendez-vous étaient proposés ! Naturellement, impossible d’assister à tout dans la mesure où les horaires se chevauchaient allègrement. Il a fallu faire des choix. Nous avons donc assisté en priorité aux prises de paroles des représentants des professionnels, celles des établissements publics comme l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et l’ANAH (Agence nationale de l’habitat), et de la ministre de la Transition énergétique.

Rénovation énergétique : d’accord sur les objectifs…

La nécessité de s’engager pleinement dans la transition énergétique et d’encourager plus largement la rénovation des logements rassemble tous les intervenants. Citons par exemple Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l’ANAH, pour qui « la rénovation énergétique est une bataille et une lutte pour le vivant », ou Valérie Flicoteaux-Melling, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, qui considère que « la rénovation globale n’est pas une dépense, mais un investissement de l’État vers de l’activité qui va aussi résoudre des questions de santé publique ». De son côté, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a réaffirmé le volontarisme des pouvoirs publics, tout en annonçant une augmentation de 40 % des contrôles pour lutter contre les fraudes à la rénovation énergétique, ce qui en dit long sur les effets pervers des aides publiques si généreusement distribuées : pour 2024, le budget annuel du dispositif MaPrimeRenov’ va en effet passer de 2,4 à 4 milliards d’euros, soit une augmentation de 66 % !

Olivier Salleron, le président de la FFB (Fédération française du bâtiment), n’a pas manqué de saluer cette hausse spectaculaire, mais il a réclamé plus de perspectives à long terme pour donner stabilité et confiance aux professionnels. Selon lui, une planification sur plusieurs années serait préférable à une succession d’annonces qui désorientent les professionnels autant que le public.

De son côté, la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) regrette qu’une si faible proportion d’entreprises du bâtiment soit labellisée RGE (reconnu garant de l’environnement) : seulement 60 000 sur 560 000 ! Un mauvais chiffre qui s’explique, selon son président, Jean-Christophe Repon, par la difficulté du parcours administratif pour décrocher ou renouveler le label RGE. Une complexité décourageante que l’on retrouve avec MaPrimeRenov’ et les CEE (Certificats d’économies d’énergie, voir notre article à ce sujet : Le point sur les aides à la rénovation énergétique en 2023). « Les règles sont trop compliquées et ce n’est pas le rôle de l’artisan, mais rien ne change, sauf l’intention de faire plus de contrôles », se désole David Morales, vice-président de la Capeb en charge des affaires économiques. Un constat amer qui n’empêche pas la Capeb de faire 15 propositions parmi lesquelles l’exigence d’un référent RGE par tranche de 10 salariés, la limitation de la sous-traitance à 1 rang pour les travaux de performance énergétique ou le contrôle des entreprises opportunistes non RGE « chasseuse de primes ».

mais pas sur la méthode

La rénovation globale est la grande ambition du moment, mais pour l’association Energies et Avenir, il ne faut pas l’opposer à la rénovation par étapes. « Face aux objectifs que la France s’est fixés pour 2050 en matière de décarbonation, il faut être pragmatique et avancer de toutes les manières possibles », déclare son président, Philippe Méon, ce que confirme le député Bruno Millienne qui ne sous-estime pas les difficultés financières, mais aussi logistiques de la rénovation globale pour les ménages : « La rénovation globale oblige à quitter son logement pendant plusieurs semaines et tout le monde n’a pas un logement de substitution ! » Par exemple, l'isolation qui est l'une des composantes essentielles de la rénovation globale, peut imposer de quitter son logement le temps des travaux, sauf si celle-ci est pratiquée par l'extérieur (voir notre article à ce sujet : L'isolation par l'extérieur).

Entre autres difficultés, ont été notamment abordés Mon Accompagnateur Rénov’ dont le déploiement massif en 2024 pose encore beaucoup de questions sur ses compétences et son indépendance, mais aussi la question du DPE (Diagnostic de performance énergétique*) qui pourrait être utilement remplacé par un « carnet de suivi », sans oublier la question centrale du reste à charge pour les ménages qui demeure trop important pour beaucoup d’entre eux. À cet égard, l’idée d’un crédit attaché au bien immobilier et non à son propriétaire est séduisante et permettrait de ne pas décourager les futurs vendeurs ou les propriétaires âgés. Il fut également question de la formation des jeunes avec une réforme à venir du lycée professionnel pour répondre aux énormes besoins de main-d’œuvre.

Face à de tels défis, le volontarisme affiché par la ministre de la Transition énergétique a peiné à convaincre et nous avons ressenti un certain attentisme lié au contexte économique difficile et à l’évolution rapide des dispositifs d’accompagnement… Un attentisme bien compréhensible avant cette année 2024 décisive, tant les professionnels n’ont eu finalement que peu de réponses à leurs questions.

Quelle est la différence entre le DPE de l'audit énergétique ? Le DPE évalue la performance énergétique actuelle tandis que l'audit est plus précis puisqu'il porte sur la structure du bâti, la qualité de l'isolation et des équipements du logement, et propose des améliorations pour optimiser cette performance.